Tu ne trahiras point

Karim Madani

Une histoire de passions et de trahisons qui se termine au tribunal pour un procès historique.

Au début des années 1980, Paris est la deuxième place forte de la culture hip-hop après New York. Le graffiti n’a pas encore gagné les galeries d’art et la pratique est à l’heure « vandale ».
Luc, alias Comer, ado originaire de l’Oise, deviendra en quelques années l’un des prophètes du graffiti vandale parisien. Monomaniaque, il consacre tout son temps à poser son nom sur les rames de métros et de RER. Avec lui, c’est une faune d’adolescents dépareillés – certains issus de classes populaires, d’autres nés dans un milieu bourgeois – qui s’engagent dans les tunnels et investissent les terrains vagues.
Pour contre-attaquer, la police crée la cellule « gare du Nord » et lui alloue des moyens alors réservés à la répression du grand banditisme, jusqu’à l’immense coup de filet, en 2001, comptant une soixantaine de prévenus.
Karim Madani nous raconte avec une verve inégalable le parcours de ces premiers apôtres du graff parisien sacrifiés sur l’autel des transports en commun, et celle de leur procès entré dans la mémoire collective sous le nom de « procès de Versailles ».

l’écho du lac

Kapka Kassabova

Un voyage dans une région brisée par le pouvoir où cohabitent peuples, langues et religions.

« Dans notre lignée de femmes, je représente la quatrième génération à émigrer. » C’est pour rompre cette spirale de l’exil que Kassabova se rend aux sources de son histoire maternelle, les lacs d’Ohrid et Prespa, les deux plus anciens lacs d’Europe. Elle parcourt leurs rives, grimpe les montagnes alentour, se baigne dans leurs eaux et, au gré de ses rencontres – gardien d’église troglodyte, guide ou pêcheur –, collecte les histoires agitées de cette région des Balkans située à cheval entre la Macédoine du Nord, l’Albanie et la Grèce. Tous ses habitants sont issus de familles qui ont été à un moment donné dispersées, que ce soit à cause de la chute de l’Empire ottoman, des guerres ou des régimes autoritaires. Tous ont hérité d’une façon ou d’une autre de l’histoire de leurs ancêtres.

Kapka Kassabova jongle avec les registres et mêle habilement récits familiaux, légendes locales et faits historiques pour mener une réflexion à la fois intime et universelle sur l’identité, celle dont nous héritons et celle que nous façonnons.

Envoyé spécial dans la cage aux fauves

Armand Gatti

Un poète entre dans la cage aux fauves et raconte les ménageries de cirque aujourd’hui disparues. Un reportage sans concession, sensible et prophétique.

Armand Gatti, célèbre auteur de théâtre, a aussi été journaliste. En 1954, il écrit une série d’articles sur un métier qui nourrit de nombreux fantasmes : les dompteurs de fauves. Panthère, ours, lion font partie des animaux qu’il côtoie au cours de ce reportage aux allures de bestiaire. Il expérimente ainsi la peur et l’adrénaline que procure la proximité des fauves, récolte des histoires stupéfiantes et décrit la relation parfois tendre et souvent cruelle entre l’homme et la bête. Une enquête qui esquisse une réflexion sur la place de l’animal dans notre société.

Les fossoyeuses

TAINA TERVONEN

Une anthropologue, une enquêtrice, une journaliste : trois femmes font parler les morts et les vivants, en quête de vérité dans un pays marqué par la guerre.

Senem est anthropologue judiciaire, et Darija enquêtrice. L’une travaille avec les morts, l’autre avec les vivants, dans un pays traumatisé par les guerres des Balkans : la Bosnie-Herzégovine.

Ces deux femmes d’une trentaine d’années n’ont pas choisi leurs métiers très particuliers, liés à l’histoire de leur pays. Senem est chargée d’identifier les ossements humains retrouvés dans des charniers vieux de dizaines d’années, quand Darija se rend dans les familles comptant des disparus pour écouter leur parole et prélever leur ADN.

Lorsque Taina rencontre Senem et Darija, la journaliste n’a aucune idée de l’ampleur de leur travail sur les disparus. Elle va suivre pendant plusieurs mois leur quête de vérité, essentielle pour l’histoire de leur pays et pour les familles qui n’ont jamais pu faire le deuil des êtres perdus.

L’appel du cacatoès noir

John Danalis

L’incroyable épopée d’un Australien pour restituer un crâne aborigène à sa tribu : un chemin de connaissances, d’ouverture et de rédemption.

John Danalis a grandi avec un crâne aborigène dans son salon. C’est seulement à 40 ans qu’il comprend l’horreur de la situation. Emporté par l’élan de sa prise de conscience, John décide de tout mettre en œuvre pour restituer Mary – puisque c’est ainsi que le crâne a été affectueusement renommé – à son peuple. Pour cela, il va devoir déconstruire ses préjugés d’homme blanc sur la culture aborigène et se plonger dans l’histoire ancienne de l’Australie. Commence alors une quête qui va entrainer des rencontres extraordinaires et une profonde révolution dans la manière dont John et sa famille envisagent la vie et leur rapport aux autres.

Que ma mort soit une fête

CRISTIAN ALARCÓN

Le dernier Robin des Bois était argentin.

Victor Vital, alias El Frente, est un ado de 17 ans comme les autres : il sort danser la cumbia dans les clubs de Buenos Aires, fait les quatre cents coups avec ses amis, vit des histoires d’amour passionnées, à ceci près : il habite l’un des quartiers les plus pauvres de la capitale argentine. Pour survivre au jour le jour, il vole et redistribue beaucoup, considéré comme le dernier voleur à avoir un code d’honneur. En 1999, alors qu’il est sur le point de se rendre, les forces de l’ordre tirent à bout portant et le tuent. Une icône est née.

C’est à peu près à ce moment-là que Cristian Alarcón, journaliste, entend parler de cette légende. Pendant deux ans, il fréquente le quartier, s’entretient avec ses proches, des membres de gangs ou des voleurs afin de reconstituer sa vie et rendre compte de son héritage. Avec Que ma mort soit une fête, il a souhaité livrer un récit humain sur ces banlieues délaissées où la solidarité prend le pas sur la violence.

Les pièces manquantes

Manon Gauthier

Enquêter sur la vie des autres vous pousse parfois à fouiller dans la vôtre.

Comment peut-on se convaincre que son père est un tueur en série ? C’est la question que se pose Manon Gauthier, alors jeune journaliste dans le service Faits divers du Parisien, lorsqu’elle tombe sur le livre de Gary Stewart, un Américain d’une quarantaine d’années, adopté enfant, persuadé que son père biologique est le célèbre tueur du Zodiac. Intriguée, Manon Gauthier contacte Gary avec lequel elle entame une longue correspondance jusqu’au jour où elle prend conscience que son obsession pour cette histoire de filiation ne serait que le reflet de sa propre quête de vérité, liée à la disparition de son père.

Entremêlant avec habileté son récit intime à celui de Gary Stewart, la journaliste s’interroge sur notre capacité à faire coïncider fantasme et réalité, et les difficultés à briser ce mécanisme.

Les enfants de la Clarée

RAPHAËL KRAFFT

Raphaël Krafft part à la rencontre de ceux qui accueillent et de ceux qui s’exilent. Un reportage littéraire et humain.

En novembre 2017, Raphaël Krafft part en reportage dans les Alpes à la frontière franco-italienne. Il accompagne un habitant de la région parti en maraude à la rencontre d’éventuels migrants perdus dans la montagne. Les premières neiges viennent de tomber. Ce soir-là, ils découvrent cachés dans un bosquet quatre mineurs . Alors qu’ils les emmènent dans un lieu dédié à l’accueil des personnes migrantes, la gendarmerie les arrête avant d’abandonner les adolescents dans la montagne au niveau de la borne frontière. Trois d’entre eux sont guinéens, comme la majorité des jeunes migrants qui passent par ce col.

Marqué par cette expérience, Raphaël Krafft se lie d’amitié avec les habitants du village de Névache situé juste en dessous du col et propose aux enfants de l’école communale de partir en Guinée réaliser des reportages et les aider ainsi à comprendre pourquoi tant de jeunes décident de quitter leur foyer. Là-bas, il découvre un pays démuni, marqué par des années de dictature.

Le voleur de plumes

Kirk Wallace Johnson

Seriez-vous prêt à risquer votre carrière pour quelques plumes ? 

Un soir de juin 2009, le jeune musicien virtuose Edwin Rist, destiné à une brillante carrière, commet un casse pour le moins incongru : après s’être produit à un concert de la Royal Academy of Music à Londres, il s’infiltre discrètement dans le musée d’Histoire naturelle pour voler des centaines d’oiseaux entreposés là depuis plusieurs décennies. Plus étonnant encore, il ne s’empare pas des fleurons de la collection recueillis par Darwin, mais plutôt des paradisiers et autres spécimens rares aux couleurs éclatantes rapportés en Europe par un naturaliste méconnu du XIXè siècle.
C’est lors d’une partie de pêche à la mouche que Kirk Wallace Johnson entend parler de cette histoire pour la première fois. Fasciné par l’affaire, il se lance dans une enquête passionnante, à la recherche de ces plumes disparues, et questionne notre obsession pour la beauté et notre désir de la posséder, à n’importe quel prix.

 

La révolution, la danse et moi

Alma Guillermoprieto

Entre ferveur et désillusion, une jeune femme découvre la révolution cubaine.

En 1970, à New York, Alma Guillermoprieto, d’origine mexicaine, suit les cours de danse contemporaine de Merce Cunningham. Quand celui-ci lui parle d’un poste de professeur à l’École nationale des arts de La Havane, son monde s’effondre : la jeune danseuse rêvait d’intégrer sa compagnie. Alma part résignée, cherchant dans l’aventure une façon de faire le deuil de sa carrière artistique. Elle a alors 20 ans.
Lorsqu’elle atterrit à Cuba, elle appréhende les restrictions liées à l’embargo américain et au régime de Fidel Castro. Ses craintes sont rapidement confirmées : les salles de danse sont privées de miroirs, considérés comme des instruments contre-révolutionnaires. Son séjour devient alors le temps d’un apprentissage inattendu : celui de sa conscience politique. Alma Guillermoprieto revient sur cette expérience qui a sonné le glas de sa carrière de danseuse et marqué le début de sa vie de journaliste. Avec ce récit initiatique, elle signe un livre d’une rare intensité.